LE MONT HABEND,VIVRE DANS UN MONASTÈRE AU HAUT MOYEN ÂGE - LE MONACHISME DANS LES VOSGES-L’ESSOR DU MONACHISME FÉMININ

Carte de diffusion de l’idéal monastique IVe siècle (© Charles KRAEMER)

Présentation

LE MONACHISME DANS LES VOSGES

Tous types confondus, masculins, féminins ou double, le monachisme s’est progressivement répandu dans le Grand-Est, c’est-à-dire dans ce qui correspond au haut Moyen Âge au Nord-Ouest de la Burgondie et à une grande partie du royaume franc d’Austrasie, avec Metz et Reims pour capitales.

 

C’est toutefois en périphérie du massif vosgien, cette vaste silva vosegus de la carte de Peutinger qui, au haut Moyen Âge, relève du fisc royal et sert de terrain de chasse à la haute aristocratie franque, qu’il s’est le plus densément propagé, postérieurement au décès de Colomban à Bobbio, et à partir, mais pas exclusivement de ses fondations vosgiennes, au sud du massif, dont celle de Luxeuil. Entre 590, date de cette fondation et les premières décennies du VIIIe siècle, période d’essouffle­ment du mouvement avant qu’il ne soit repris en main et réformé par le pouvoir carolingien, une quinzaine d’ab­bayes y sont créées. Elles sont installées, en dépit de leur recherche du « désert », à l’entrée des principales vallées dans des secteurs sans doute sous-peuplés mais pas inha­bités et participent à la mise en valeur de la montagne.

L’ESSOR DU MONACHISME FÉMININ

Indissociable, en Gaule, de l’oeuvre de Colomban et de ses disciples, le monachisme féminin puise lui aussi ses racines dans le cénobitisme égyptien. Mais si la soeur d’Antoine fut la première à réunir autour d’elle un « par­thénon », c’est-à-dire un groupe de jeunes filles, il exis­tait déjà en Orient, depuis le IIIe siècle une catégorie de vierges consacrées, reconnaissables par le port du voile et la simplicité du vêtement.

Au cours des deux premiers siècles du monachisme oc­cidental, les fondations féminines restent toutefois ex­ceptionnelles et se situent presqu’exclusivement au sud de la Loire. On recense parmi les principales, l’abbaye, déjà évoquée, de Marseille, oeuvre de Cassien en 416, l’abbaye Saint-Jean à Arles, établie par l’évêque Cé­saire, en 512, et, contemporaine de cette fondation, deux autres familiales à Vienne, dont celle de Saint-André-le-Haut. A Poitiers, la célèbre abbaye Sainte-Croix est fondée, entre 552 et 557, par l’épouse du roi Clotaire Ier, Radégonde, qui y impose la règle et en assure l’abbatiat.

Fig. 3 – Carte des abbayes féminines fondées entre Seine et Rhin sous les Mérovingiens, entre le début du VIe et le début du VIIIe s (© Charles KRAEMER)

1 – Reims, Saint-Pierre-aux-Dames (déb. VIe s) ; 2 – Amiens, Saint-Martin (v. 575) ; 3 – Metz, Sainte-Glossinde (déb. VIIe s) ; 4 – Metz, Saint-Pierre-aux- Nonnains (v. 620) ; 5 – Remiremont (v. 620) ; 6 – Faremoutiers (v. 620) ; 7 – Halmage (v. 630) ; 8 – Marchiennes (630) ; 9 – Jouarre (630-635) ; 10 – Laon, Saint-Jean (641) ; 11 – Noyon (v. 645) ; 12 – Trèves/Oeren (v. 645-659) ; 13 – Trèves, Saint-Symphorien (v. 647) ; 14 – Nivelles (647-650) ; 15 – Vergaville (v. 650) ; 16 – Marconne (v. 650) ; 17 – Caudebec (v. 650) ; 18 – Homblières (v. 650) ; 19 – Mons (655-660) ; 20 – Beauvais/Oroer (656-663) ; 21 – Chelles (657-660) ; 22 – Soissons (658-666) ; 23 – Moustier-sur-Sambre (660) ; 24 – Pavilly (v. 660) ; 25 – Bonmoutier (v. 660) ; 26 – Avenay (v. 660) ; 27 – Maubeuge (661) ; 28 – Hasnon (v. 670) ; 29 – Munsterbilsen (v. 670) ; 30 – Reims, Saint-Pierre d’en Bas (v. 673) ; 31 – Puellemontier (v. 673) ; 32 – Blangy (682) ; 33 – Honnecourt (691) ; 34 – Andenne (692) ; 35 – Moorsele (v. 700) ; 36 – Auchy (710) ; 37 – Cologne (v. 715) ; 38 – Strasbourg, Saint-Etienne (v. 720) ; 39 – Hohenbourg (v. 720)