Tapis Moghol.

Collection Puaux. C’est à un directeur des établissements Steiner du début du siècle, Yvan Puaux, que nous devons la plus étonnante découverte et l’acquisition majeure que le musée ait pu réaliser: un ensemble de soixante pièces variées de très belle qualité, provenant tant de l’Inde et d’Indonésie que de différentes manufactures françaises. La pièce la plus exceptionnelle est sans conteste une toile peinte que l’on appelle « le tapis moghol ». Le terme de tapis a été choisi en raison de sa forme rectangulaire: deux bordures de fleurs simulent des franges, sur deux côtés, alors que le centre est décoré d’une amande allongée. Chef-d’œuvre de finesse, cette véritable miniature a été peinte au calam, en Inde, selon la technique de l’indienne, c’est-à-dire à l’aide de mordants de fer et d’alumine révélés dans des bains de garance, puis teinte en bleu dans une cuve d’indigo, le jaune étant pinceauté sur le bleu pour obtenir le vert. La toile terminée a été ensuite glacée à la cire qui donne à cette pièce sa teinte dorée. Les différents éléments tracés sur la toile: fleurs, arabesques, motifs décoratifs, animaux simples ou composites, se marient tous dans un équilibre subtil d’où la figure humaine est absente. Les figures les plus étonnantes sont celles des animaux composites issus de la tradition des miniaturistes: singes, poissons, serpents, gazelles, oiseaux. Ils forment une famille souriante, aimable, de bons génies placés dans une végétation somptueuse et luxuriante. Cette toile est-elle une commande d’un Grand Moghol à ses ateliers pour faire un cadeau princier ? Nous n’avons pas encore la réponse à cette question. Quoi qu’il en soit, cette pièce est devenue un des trésors les plus précieux du Musée de l’Impression. Certains motifs de cette toile se rapprochent des miniatures mogholes de la fin du XVIIème siècle. SP: Type d’indienne très rare. A noter la grande finesse de ce motif, mais l’état moyen de conservation de ce panneau trop longtemps exposé à la lumière.