Le Souffleur à la pipe

© Palais des ducs de Lorraine – Musée lorrain, Nancy / photo M. Bourguet

Domaine : Beaux-Arts

Titre : Le Souffleur à la pipe

Auteur / Exécutant : D’après Georges de La Tour

Date : XVIIe siècle

Matière et technique : Huile sur toile

Dimensions : Longueur :    Largeur : 63   Hauteur : 77   Diamètre :   

Musée : Musée lorrain – Palais des ducs de Lorraine – Nancy (54)

Numéro d'inventaire : Inv. D.51.2.1 (MNR.10)

Descriptif

Ce tableau a été déposé au palais des ducs de Lorraine – Musée lorrain de Nancy en 1951 par le musée du Louvre auquel il a été attribué par l’Office des Biens et Intérêts Privés en 1950.

Cette œuvre est actuellement prêtée au musée des Beaux-Arts de Nancy avec l’aimable accord de la Société d’Histoire de la Lorraine et du Musée lorrain, dans le cadre du projet de rénovation du palais des ducs de Lorraine – Musée lorrain.

 

En 1951, le musée du Louvre dépose au Musée lorrain un tableau d’après Georges de La Tour dénommé Le Souffleur à la pipe. Le statut de cette toile est particulier : il s’agit en effet d’un MNR (pour Musées nationaux récupération), initiales désignant habituellement une œuvre spoliée pendant la Seconde Guerre mondiale par les autorités nazies. Provenant vraisemblablement d’une collection privée de Pont-à-Mousson et après être passé entre plusieurs mains privées, le tableau est en effet acheté en 1941 à la galerie Louis Carré par Walter Hofer, agent du haut dignitaire nazi Hermann Göring. Il est placé dans la résidence de ce dernier à Carinhall, puis retrouvé en 1945 à Berstesgaden par des unités américaines et françaises qui découvrent cinq wagons du train contenant une partie de ces trésors spoliés. Enregistrée au Central Collecting Point de Munich, l’œuvre est attribuée au musée du Louvre par l’Office des Biens et Intérêts Privés en 1950, un an avant son arrivée à Nancy.

Neuf versions différentes de cette composition sont aujourd’hui connues. Le tableau conservé au Tokyo Fuji Art Museum, signé et daté de 1646, semble en être la version originale, à moins qu’il ne s’agisse d’un tableau aujourd’hui non localisé mentionné au début du XIXe siècle dans la collection de Don Sebastián Martínez, ami de Goya, et décrit comme « un homme soufflant sur un tison pour allumer sa pipe, par Georges de La Tour ». Le tableau représente un jeune homme portant une tenue identique à celle du personnage de La Découverte du corps de saint Alexis : un justaucorps mauve aux manches rouges, un col blanc à galons et une toque noire sur la tête.

Le thème du souffleur est largement répandu dans la peinture européenne des XVIe et XVIIe siècles et provient de la peinture vénitienne. Le Greco semble être le premier à représenter ce type de caractère en tant qu’entité distincte. On le retrouve particulièrement traité dans la peinture caravagesque chez Gerrit van Honthorst ou Hendrick Terbrugghen.

Dans la Lorraine du XVIIe siècle, ce type de composition est emblématique d’un genre de production destiné à orner les intérieurs bourgeois. On en trouve en effet plusieurs mentions dans les inventaires lorrains de l’époque de La Tour : un « souffleur de lumière » apparaît dans l’inventaire de 1636 de l’intendant du duc de Lorraine Nicolas-François Regnault tandis, qu’en 1649 un « tableau d’un souffleur, façon de La Tour » est vendu par le marchand Antoine Grand au clerc d’office de la duchesse. Parmi les autres souffleurs peints par l’artiste aujourd’hui localisés, on peut citer Le Souffleur à la lampe du musée des Beaux-Arts de Dijon ou La Jeune fille soufflant sur un brasero, conservée dans une collection privée allemande, qui a parfois été considérée comme le pendant du Souffleur à la pipe. Un Souffleur, acquis à Paris en 2019, se trouve également aujourd’hui dans une collection particulière nancéienne.

L’étude du tableau du Musée lorrain met en évidence une finesse d’exécution légèrement en-deçà de l’exemplaire conservé à Tokyo qui amène à rejeter l’attribution à La Tour ou à son atelier. On remarque en effet certaines faiblesses dans le rendu des lèvres, des plis du col ou dans l’oubli des boutons supérieurs du justaucorps. L’œuvre demeure néanmoins une copie de belle qualité respectant la force de l’effet lumineux voulu par l’artiste.

Pierre-Hippolyte Pénet

Cette notice est issue du catalogue numérique de l’exposition « Georges de La Tour et le mystère de la Femme à la puce », présentée par le palais des ducs de Lorraine – Musée lorrain au musée des Beaux-Arts de Nancy du 31 mars au 2 septembre  2018.

Bibliographie

- PARISET (François-Georges), Georges de La Tour, Paris, Henri Laurens, 1949, p. 59, 60 et 79.
- CUZIN (Jean-Pierre), Notice in CUZIN (Jean-Pierre) et ROSENBERG (Pierre) (dir.), Georges de La Tour [cat. exp., Paris, Galeries nationales du Grand Palais, 3 octobre 1997 - 26 janvier 1998], Paris, Réunion des musées nationaux, 1997, p. 264-265.
- GILLES (Matthieu), Notice « Boy Blowing on a Charcoal Stick » in SALMON (Dimitri) et ÚBEDA DE LOS COBOS (Andrés) (dir.), Georges de La Tour [cat. exp., Madrid, Musée national du Prado, 23 février - 12 juin 2016], Madrid, Prado, 2016, p. 146.
- THURNHERR (Laurent), Notice « Girl Blowing on a Brazier » in SALMON (Dimitri) et ÚBEDA DE LOS COBOS (Andrés) (dir.), Georges de La Tour [cat. exp., Madrid, Musée national du Prado, 23 février - 12 juin 2016], Madrid, Prado, 2016, p. 158-159.
- PÉNET (Pierre-Hippolyte) Notice in PÉNET (Pierre-Hippolyte), Georges de La Tour et le mystère de La Femme à la puce [cat. exp., Nancy, musée des Beaux-Arts, 31 mars - 2 septembre 2018], en ligne : https://www.musee-lorrain.nancy.fr/fr/hors-les-murs/expositions/georges-de-la-tour/catalogue-numerique/

Musée lorrain – Palais des ducs de Lorraine – Nancy (54)

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