La Découverte du corps de saint Alexis

© Palais des ducs de Lorraine – Musée lorrain, Nancy / photo J.-Y. Lacôte

Domaine : Beaux-Arts

Titre : La Découverte du corps de saint Alexis

Auteur / Exécutant : Atelier de Georges de La Tour

Date : XVIIe siècle

Matière et technique : Huile sur toile

Dimensions : Longueur :    Largeur : 113 cm   Hauteur : 159 cm   Diamètre :   

Musée : Musée lorrain – Palais des ducs de Lorraine – Nancy (54)

Numéro d'inventaire : Achat auprès de René Leblanc, 1938 - Inv. 3558

Descriptif

Inscription StA peinte au revers

Cette œuvre est actuellement prêtée au Musée départemental Georges de La Tour de Vic-sur-Seille par la Ville de Nancy, avec l’aimable accord de la Société d’Histoire de la Lorraine et du Musée lorrain, dans le cadre du projet de rénovation du palais des ducs de Lorraine – Musée lorrain.

Le 10 mai 1938, le conservateur des musées de Lunéville signale à René Huygue, conservateur en chef du département des Peintures, une œuvre susceptible d’intéresser le musée du Louvre. Il précise qu’elle se trouve à Nancy chez le peintre René Leblanc qui prétend l’avoir découverte dans un grenier local. Le conservateur attribue le tableau à La Tour et l’identifie comme L’Ange apparaissant à saint Joseph pendant son sommeil. Cette même année, l’œuvre est publiée par François-Georges Pariset comme une Découverte du corps de saint Alexis et finalement acquise le 11 juillet par le Musée lorrain pour la somme de 20 000 francs. Un cadre ancien de style Louis XIII lui est attribué. Mais en 1952, la découverte d’un autre exemplaire de cette composition (aujourd’hui à la Galerie nationale de Dublin) remet en cause l’attribution du tableau nancéien. Depuis l’exposition commune des deux œuvres à Paris en 1972, les spécialistes semblent s’accorder à y voir plutôt deux répliques anciennes d’un original perdu. L’étude scientifique du tableau nancéien a permis de définir une préparation et une couche picturale rendant la toile compatible avec une œuvre sortie de l’atelier du maître lorrain.

Les archives incitent à rapprocher cette œuvre de l’« image saint Alexis » peint par La Tour pour le marquis de la Ferté-Senneterre, gouverneur français de Nancy sous le règne de Louis XIII. La commande eut lieu en 1648 et le gouverneur dut recevoir la toile de la part de la ville de Lunéville pour les étrennes du 1er janvier 1649. La Tour perçut pour cette œuvre la somme de 500 francs.

Le sujet relate l’histoire de saint Alexis, patricien romain légendaire du Ve siècle. Pieux et vertueux, le jeune homme décide le jour même de ses noces de quitter sa famille pour se consacrer à une vie de mendicité et d’ascèse en Orient. De retour à Rome, le saint trouve refuge sous l’escalier de ses parents où il passe dix-sept années sans être reconnu. Après sa mort, il est identifié grâce au morceau de parchemin racontant son histoire qu’il tient entre ses mains. Le culte du saint, emblème de la « belle mort », fut réaffirmé au XVIIe siècle en Europe, en partie grâce aux jésuites. En témoignent les diverses représentations théâtrales relatant sa vie données par l’université de Pont-à-Mousson en 1602, 1667 ou encore 1685.

Comme ses confrères contemporains Jacques Callot, Claude Mellan et Balthasar Moncornet, La Tour choisit de représenter la découverte du corps du saint, mais en plongeant la scène dans la nuit. Il y introduit le personnage du jeune homme qui n’est pas sans rappeler le modèle du Souffleur à la pipe, au costume identique. Tenant une torche à la main, celui-ci dévoile le corps d’Alexis en soulevant le manteau qui le recouvre et s’apprête à découvrir son identité grâce au papier qu’il serre entre ses mains. La flamme fait ressortir le satin rouge des manches et donne presque l’impression que le plumet du chapeau prend feu. Elle met particulièrement l’accent sur le visage du jeune homme permettant ainsi au spectateur de partager sa surprise muette. Le profil du saint émergeant de l’obscurité et empreint d’une grande sérénité possède une dimension christique évidente. Vêtu d’une tunique bleu foncé et d’un manteau pratiquement identiques à ceux du Saint Pierre repentant du Cleveland Museum of Art, son grand âge et sa pauvreté semblent ici comme déjà transfigurés par la sainteté. L’ajout plus tardif de la partie supérieure de la toile permet d’offrir à la scène une plus grande monumentalité et de restituer l’arcade symbolisant la soupente de l’escalier de la maison familiale.

Pierre-Hippolyte Pénet

Cette notice est issue du catalogue numérique de l’exposition « Georges de La Tour et le mystère de la Femme à la puce », présentée par le palais des ducs de Lorraine – Musée lorrain au musée des Beaux-Arts de Nancy du 31 mars au 2 septembre  2018.

Bibliographie

- PARISET (François-Georges), « L’Image Saint-Alexis ou Georges de La Tour au Musée historique lorrain », Le Pays lorrain, 1938, p. 417-430.
- CHONÉ (Paulette), « La Découverte du corps de saint Alexis », Georges de La Tour – un peintre lorrain au XVIIe siècle, Paris, éd. La Renaissance du livre, 1996, p. 149.
- CUZIN (Jean-Pierre), Notice in CUZIN (Jean-Pierre) et ROSENBERG (Pierre) Rosenberg (dir.), Georges de La Tour [cat. exp., Paris, Galeries nationales du Grand Palais, 3 octobre 1997 – 26 janvier 1998], Paris, Réunion des musées nationaux, 1997, p. 248-249.
- MARTIN (Élisabeth) et RAVAUD (Élisabeth), « La radiographie des peintures de chevalet », Techne, RMN-GP, 1995, n°2, p. 158-161.
- SALMON (Dimitri), Le Saint Joseph charpentier de Georges de la Tour : un don au Louvre de Percy Moore [cat. exp., Vic-sur-Seille, Musée départemental Georges de La Tour, 3 juillet – 2 octobre 2016], Gand, éd. Snoeck, 2018.
- PÉNET (Pierre-Hippolyte) Notice in PÉNET (Pierre-Hippolyte), Georges de La Tour et le mystère de La Femme à la puce [cat. exp., Nancy, musée des Beaux-Arts, 31 mars - 2 septembre 2018], en ligne : https://www.musee-lorrain.nancy.fr/fr/hors-les-murs/expositions/georges-de-la-tour/catalogue-numerique/

Musée lorrain – Palais des ducs de Lorraine – Nancy (54)

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