Berger napolitain et bufflonne quittant une grotte

Elève de Restout (dont le musée des Arts décoratifs expose La Déification d’Enée), Barbault s’établit à Rome en 1747 qu’il ne quitta plus, s’intégrant à la vie italienne. Sa carrière ne fut pas marquée par le succès mais il fut apprécié des autres peintres. Il est le contemporain de Pierre, Vien ou Deshays , il appartient à la génération passionnante entre Boucher et David, celle de Fragonard.
Le sujet du tableau demeure encore énigmatique : que font ce berger (ou bouvier) et cette vache quittant une grotte ? La vache est trop personnalisée pour qu’il n’y ait pas un conte ou mythe (celui d’Io ?) sous-jacent. Voire une ironie vis-à-vis de l’Antique. Le tableau séduit par l’audace de la mise en page (comme un bas-relief dans lequel des figures sombres se détachent sur un fond plus clair), la subtilité colorée (le bleu lapis des « chaussettes », la pointe de l’œil de la génisse) et surtout sa touche « moelleuse ». Ce tableau -dans un état de conservation merveilleux- est un des plus séduisants de la peinture française (… et italienne) du milieu du 18^e siècle. Nul doute qu’il ne figurera bientôt dans les anthologies sur cette période. Le sujet même et son traitement spirituel incarnent l’esprit du Siècle des Lumières. Le catalogue paru à l’occasion de l’exposition Jean Barbault. Le théâtre de la vie italienne au musée des Beaux-Arts à l’été 2010, a permis de faire le point sur son œuvre.