Armoire

Ce chef-d’œuvre de menuiserie strasbourgeoise daté de 1631 provient du château de Niedernai, propriété de la famille de Landsberg, puis, à partir du 19^e siècle, des Reichach-Werth. Il s’agit d’un exemplaire particulièrement abouti de chef-d’œuvre de maîtrise du 17^e siècle.
C’est en 1571 qu’apparaît le type de l’armoire à deux corps dont l’ornementation est conçue selon les principes vitruviens de la succession des ordres. En effet, le décor de ces meubles reproduit à échelle réduite celui des façades de palais Renaissance et fonctionne comme un trompe-l’œil architectural. Soubassement, colonnes, fenestrages, frontons, corniche sont complétés par un décor en marqueterie simulant des parements de pierre, les différentes essences de bois utilisées étant choisies afin d’évoquer par leur veinage celui des marbres. Les prescriptions de 1571 furent reconduites en 1617. Au lendemain de la guerre de Trente Ans, la « grande armoire » à quatorze colonnes – sept pour chacun des deux corps -, est abandonnée au profit de la « demi-armoire » à sept colonnes reprenant en quelque sorte le modèle d’un corps d’armoire de 1571 étiré sur la hauteur de deux corps. Au meuble constitué de deux coffres superposés, ouvrant en façade par des vantaux, vient désormais se substituer l’armoire à deux portes.
La confrontation de l’armoire de Niedernai avec les chefs-d’œuvre de maîtrise d’Augsbourg et de Munich de la seconde moitié du 17^e siècle, conservés au Musée de l’Œuvre Notre-Dame, montre combien l’Alsace se caractérise par l’importance qu’elle accorde à l’architecture dans la conception du mobilier.