Kolonie-Los.

Jorg Immendorf est né en 1945 à Bleckede sur la rive occidentale de l’Elbe, frontière entre les deux Allemagnes jusqu’à leur réunification en 1991. Etudiant à l’Académie des Beaux-Arts de Düsseldorf à partir de 1963, il entre, après trois semestres dans le département de la scénographie, dans la classe de Joseph Beuys avec lequel il entretient des rapports étroits. Engagé politiquement, comme son professeur, il utilise la peinture comme moyen de communication politique et sociale. Sa peinture figurative le rapproche de tout un groupe d’artistes allemands qu’on a qualifiés de néo­-expressionnistes ou néo-fauves. Malgré leur ambiguïté, ces termes rendent bien compte de la dynamique nouvelle de l’œuvre d’artistes comme Immendorf, qui redonnent à la peinture ses matériaux, ses mythes, et son pouvoir émotif. « Kolonie-Los » fait partie d’une série de tableaux peints entre 1978 et 1982 qui porte le titre général de « Café-Deutschland ». Sorte de vision personnelle et globalisante de l’Allemagne d’il y a dix ans, on y trouve un concentré de tous les mythes et les angoisses de ce pays et de notre monde moderne. « Kolonie-Los », un des derniers tableaux de la série, est une peinture réaliste caractérisée par une vision critique et un engagement politique, mais il s’y établit entre les objets et les personnages une relation grotesque, déformée et chaotique, qui provoque un effet de distanciation voulu par l’artiste par rapport au contenu de la peinture. Le réalisme d’Immendorf est « sans style »: il s’affirme avant tout comme son propre moyen d’expression et « Kolonie-Los », en dehors de toute référence politique ou artistique, est avant tout la vision individuelle d’un artiste à travers la puissance retrouvée de la peinture.