Voiture Delage type D6-11 berline.

Fondée en 1905 par Louis Delage, ingénieur des Arts et Métiers, la firme participa régulièrement à la compétition automobile avec des véhicules dont les victoires de niveau mondial, remportées entre 1908 et 1927, établirent le succès auprès d’une clientèle aisée d’une gamme de voitures de tourisme luxueuses et de grande qualité. Toutefois, les années 1932 à 1935 firent apparaître d’importantes difficultés d’ordre commercial et financier du fait d’un mode de production quasiment artisanal qui entraîna le rachat de la firme par la marque Delahaye en 1935 et son extinction complète en 1953. Lancée en 1932, dans le but de surmonter l’impact de la crise économique, la Delage D6-11 se différenciait des célèbres DS, D6 et D8 par un châssis surbaissé et des roues indépendantes. Cossue et robuste, notre D6-11 représente l’héritage de ce qu’on a appelé « la belle voiture française » ou encore, à juste raison, « les classiques », empreintes d’une gloire passée, dont la séduction se limite en grande partie à l’élégance et au raffinement de la carrosserie couvrant avec talent un châssis ou une mécanique plutôt désuète et coûteuse. Un certain retard technologique et des prix de revient élevés empêchèrent des constructeurs traditionnels comme Delage, Delahaye, Talbot, Hotchkiss, Salmson, voire Panhard & Levassor, de s’adapter à un marché élargi, favorable à des réalisations plus hardies de Citroën, mais plus abordables, comme la « Traction Avant » (7 et 11) ou, à un moindre degré, de Peugeot (401 et 601) et de Renault, une Delage D6-11 conduite intérieure neuve valait en 1934 environ 39.900 F, alors qu’une Peugeot 601 était proposée à 29.500 F et une Renault Vivastella à 33.000 F. Les collections de Mulhouse, riches en marques françaises de grand luxe (Hispano-Suiza, Bugatti par exemple) étaient dépourvues de voitures de tourisme de gamme moyenne pour la période de 1933 à 1937: l’acquisition de cette Delage contribue donc à donner une image plus fidèle du paysage automobile français de œtte période. Grâce à la Direction des Musées de France qui nous adresse systématiquement pour avis les dossiers d’exportation des véhicules de collection, cette voiture destinée à être vendue en Suisse fut achetée à son propriétaire pour une somme raisonnable, en bon état de marche, et complétée d’un moteur et de pièces de rechange, elle est souvent utilisée par le musée dans le cadre de ses animations dynamiques. SP : voiture cossue et robuste.