Stèle de l’oculiste

Domaine : Archéologie

Titre : Stèle de l’oculiste

Date : Premier quart du IIe siècle

Matière et technique : Pierre calcaire

Dimensions : Longueur : 33   Largeur : 34   Hauteur : 97   Diamètre :   

Musée : Musée Barrois – Bar-le-Duc (55)

Numéro d'inventaire : Inv. 850.20.1

Descriptif

Ce fragment de pilastre d’angle a été découvert en 1829 à Montiers-sur-Saulx, au lieu-dit des Ronchers, situé à une dizaine de kilomètres de Nasium. Cette cité, probable chef-lieu du territoire leuque, occupe une place commerciale, économique, politique et cultuelle dominante à l’époque gallo-romaine et rayonnait sur les villes alentours.

 

Sur la face principale du pilastre, on distingue, disposés en trois registres :

  • un chapiteau à feuilles d’acanthe portant, à sa base, l’inscription « MOGOUNUS INUCI FILIUS », sans doute le nom du personnage qui a commandité l’édifice ;
  • la scène d’ophtalmologie : à droite, une femme tient un vase à panse globulaire dans ses deux mains, tandis qu’un linge est disposé sur son avant-bras gauche. À ses côtés, un homme lui maintient la tête tandis qu’il intervient au niveau de son œil gauche à l’aide d’un instrument. Cette scène a été longtemps considérée comme la représentation d’une opération de la cataracte. Les chercheurs nuancent désormais cette interprétation. La découverte d’aiguilles à cataracte à Montbellet laisse penser que cette stèle représenterait soit un examen de l’œil, soit la pose d’un onguent. Une observation attentive de l’objet tenu par l’homme montre qu’il s’agit d’un instrument à deux branches, l’une de ces branches pouvant abaisser la paupière inférieure ;
  • la scène du registre inférieur renvoie sans doute à un rituel funéraire lors duquel les proches du défunt, dont la femme du registre supérieur, se rassemblent autour de lui après sa toilette avant de l’accompagner en procession jusqu’au bûcher.

 

Si ce pilastre provient d’un temple, peut-être y venait-on pour se soigner et implorer les divinités. Le geste médical s’accompagnait d’un rituel religieux. D’un point de vue symbolique, l’instrument permettrait donc de dessiller les yeux de la femme initiée pour l’amener à voir ce qu’elle ignorait et pour qu’elle puisse regarder la divinité. La femme initiée, ayant reçu la révélation, viendrait ensuite la transmettre au défunt afin qu’il accède à l’immortalité.