Saint Jérôme lisant dit aussi Saint Jérôme à l’encrier ou Saint Jérôme Debré

© Musée départemental Georges de La Tour, Vic-sur-Seille / photo F. Doncourt

Domaine : Beaux-Arts

Titre : Saint Jérôme lisant dit aussi Saint Jérôme à l’encrier ou Saint Jérôme Debré

Auteur / Exécutant : D’après Georges de La Tour

Date : XVIIe siècle

Matière et technique : Huile sur toile

Dimensions : Longueur :    Largeur : 70 cm   Hauteur : 92 cm   Diamètre :   

Musée : Musée départemental Georges de la Tour – Vic-sur-Seille (57)

Numéro d'inventaire : Achat, 2007 - Inv. MV 2007.1.1

Descriptif

Cette copie ancienne d’après un original de Georges de La Tour a été découverte au début des années 2000 dans le grenier d’une propriété située au lieu-dit L’Épine fleurie à Montlouis-sur-Loire (Indre-et-Loire). La toile n’a, semble-t-il, jamais été accrochée aux murs de ce lieu de villégiature qui a accueilli beaucoup de personnalités. Diverses hypothèses tentent d’associer cette toile à son ancien propriétaire et de comprendre sa présence à un tel endroit. Des architectes comme Victor Laloux (1850-1937) et Charles Lemaresquier (1870-1972), des artistes comme les peintres Édouard Debat-Ponsan (1847-1913) et Olivier Debré (1920-1999), frère de Michel Debré (1912-1996), Premier ministre du général de Gaulle de 1959 à 1962, ont occupé les lieux et auraient pu, à un moment donné, déposer le tableau et l’oublier sous les combles. Restaurée à Paris, l’œuvre est acquise au début de l’année 2007 par la galerie Sylvain Levy-Alban qui la revend en novembre au Département de la Moselle pour permettre son exposition au musée Georges de la Tour à Vic-sur-Seille.

La toile représente saint Jérôme, l’un des quatre Pères de l’Église catholique, célébré pour avoir, au début du Ve siècle, réalisé une traduction de la Bible – de l’hébreu et du grec au latin, la Vulgate – qui demeura pendant de longs siècles la version officielle reconnue par Rome. Le saint est assis derrière sa table de travail, la tête penchée vers l’avant, concentré dans la lecture d’une lettre, émanant peut-être du pontife romain Damase ou bien de saint Augustin d’Hippone avec lequel il entretenait une correspondance. La couleur rouge de sa mosette (pèlerine ecclésiastique) témoigne de son rang de cardinal. Les bésicles qu’il tient de sa main droite sur son nez, de façon très réaliste, évoquent son érudition, tout comme le livre ouvert, l’encrier, la plume et le sceau au premier plan qui suggèrent son travail d’écriture et de traduction de la Bible. Un crâne humain, attribut assez conventionnel de la représentation de saint Jérôme, incorpore une dimension spirituelle et eschatologique au tableau. Si la source de lumière qui éclaire la scène ne provient pas d’une bougie ou d’un flambeau figuré sur la toile, une mouchette, instrument en ciseaux servant à couper la mèche brulée d’une chandelle, matérialise cependant une forme d’allusion à la flamme autour de laquelle s’organisent souvent les nocturnes du peintre.

La thématique d’un saint Jérôme en train de lire dans son cabinet de travail a inspiré nombre de peintres, surtout à partir du XVe siècle, comme le Flamand Jan van Eyck (1390-1441) et l’Italien Domenico Ghirlandaio (1448-1484). Au XVIIe siècle, cette composition connaît encore un vif succès. Georges de La Tour et son atelier s’emparent du thème pour donner naissance à plusieurs œuvres emblématiques du peintre dans une veine assez proche des apôtres d’Albi, en particulier du Saint Paul (musée Toulouse-Lautrec).

Le Saint Jérôme du Musée départemental de Vic-sur-Seille tient aussi davantage du Saint Jérôme lisant du musée du Louvre (copie d’après un original perdu) que de celui du Musée lorrain de Nancy : les deux premiers ont en effet en commun une même attitude du lettré qui tient de sa main droite ses besicles et de sa gauche la missive, ainsi que le crâne au premier plan qui disparaît dans l’œuvre de Nancy. Les similitudes et les différences entre toutes ces versions illustrent sans doute l’art des « variations sur un thème » alors en vogue dans certains milieux pieux.  Du reste, les Saint Jérôme de La Tour ont beaucoup plu à l’époque puisque les archives mentionnent que de grands collectionneurs comme le cardinal de Richelieu et le peintre du roi Simon Cornu en possédaient un dans leur collection.

Juliette La Burthe

Bibliographie

- THUILLIER (Jacques), Georges de La Tour, Paris, éd. Flammarion, 1992, p. 287, n°36.
- Notice in BOURDIEU-WEISS (Catherine), CUZIN (Jean-Pierre), DISS Gabriel, SALVI (Claudia), THURNHERR (Laurent) et ROUVET (Stéphane), Catalogue des peintures et de l’exposition Autour de Brancusi, Ars-sur-Moselle, Serge Domini Éditeur, 2017, n° 93.
- Notice in SALMON (Dimitri), Saint Jérôme et Georges de La Tour, [cat. exp., Vic-sur-Seille, Musée départemental Georges de La Tour, 1er septembre – 20 décembre 2013], Saint-Étienne, IAC, 2013, p. 198-199, catalogue 12.