Points d’hostilité n°2.

Après la série des « Pierres », à la frontière du réel et de l’abstrait, Alberto Magnelli renoue définitivement avec l’abstraction en 1936. « Points d’hostilité n° 2 » témoigne de cette nouvelle expression. Comme le suggère le titre de l’oeuvre, la composition repose sur des « conflits » de formes aux contours strictement délimités. En associant étroitement le dessin et la couleur, le peintre crée des oppositions entre les courbes souples et les droites rigoureuses. Afin de rendre le jeu plastique plus complexe, il suscite les emboîtements et les superpositions des plages colorées qui se donnent à lire en transparence. Des emprunts à la peinture traditionnelle (recherche de la perspective, usage du clair obscur) sont également visibles. Le schéma du tableau a déjà été traité dans un plus petit format (« Points d’hostilité n° 2A », 1941). La couleur est entièrement soumise à l’architecture du tableau: elle est caractéristique de cette réduction des tons annoncée par les peintures presque monochromes de l’époque des « Pierres ». La palette austère privilégie une gamme de tonalités assourdies. Seul l’éclat du rouge, sur le tracé des contours, évoque l’explosion colorée des « Explosions lyriques ». Au lendemain de la Seconde Guerre Mondiale, Magnelli influence profondément la vie artistique parisienne. Présente notamment à la grande exposition d’Art Concret, en 1945, la Galerie René Drouin lui consacre en 1947 sa première rétrospective. Les jeunes artistes sont particulièrement sensibles à son vocabulaire formel dépourvu de la sécheresse de l’abstraction géométrique. Nicolas de Staèl, mais aussi Vasarely, devaient se souvenir de cette « écriture de bronze ». Signé et daté en bas à droite: « Magnelli 48 ». Historique: ancienne collection de l’artiste. Alberto Magnelli: Florence, 1888 – Meudon, 1971.