Moïse et le serpent d’airain

Né à Naples, Amigoni vint se fixer très jeune à Venise. Il s’y affirma comme l’un des grands acteurs de la peinture décorative vénitienne du XVIIIème siècle dont Tiepolo marque l’apogée. Il fit de nombreux séjours à l’étranger, réalisant d’importants travaux de décoration en Bavière de 1719 à 1728, en Angleterre de 1729 à 1739, enfin à Madrid de 1747 à sa mort. Célèbre de son vivant, oublié après sa mort, son importance dans le développement du rococo européen a été depuis peu reconnue par les historiens d’art. Le tableau met en scène l’épisode biblique du serpent d’airain (Nombres, XXI, 6-9). Les Hébreux, lassés d’errer à la recherche de la Terre Promise, ayant murmuré contre Dieu, celui-ci les punit en leur envoyant des serpents venimeux. Le peuple se repentit et Moïse, sur l’ordre de Iahvé, fit dresser un serpent d’airain au sommet d’une perche. Tous ceux qui le regardaient étaient sauvés des mors ures des serpents. L’oeuvre est très probablement un « modello » qu’Amigoni aurait réalisé selon A. Roy vers 1725, à l’occasion d’un concours pour la décoration de l’église des saints Côme et Damien, située sur l’île de la Giudecca à Venise. La composition simple et forte, par grands triangles, les accents d’ombres et de couleurs, la gestuelle des figures qui scande la scène, confèrent au tableau une tension dramatique qui nous situe bien loin des peintures claires, subtiles et gracieuses, parfois un peu faciles, qui firent plus tard la renommée internationale de l’artiste.