Louis XIV à cheval devant Strasbourg.

En 1681, l’expédition de Strasbourg se déroule sans effusion de sang. Il n’est donc pas question de représenter une bataille mais de mettre en valeur à la fois le puissant monarque – alors au faîte de la gloire – ainsi que la vénérable Ville d’Empire, symbolisée par la cathédrale et devenue une des plus belles conquêtes qui « … reconnaît Sa Majesté Très Chrétienne pour son souverain seigneur et protecteur … », dont Vauban-Tarente modernisa le système défensif. Inconnu jusqu’à son achat, le présent tableau complète heureusement une iconographie de l’événement trop longtemps réduite à quelques médailles officielles et gravures de l’Almanach Royal. A l’exception de médailles officielles, de diverses gravures et de quelques documents, le Musée Historique était pauvre en objets de qualité contemporains de la capitulation de 1681 ou des deux dernières décennies du XVIIème siècle. La présente acquisition vient, fort somptueusement, combler cette lacune. Le roi porte un habit de brocard, une lourde perruque qui retombe sur les épaules et un chapeau à plume écarlate, ensemble tout à fait conforme à la mode masculine, en honneur à la Cour, dans les années 1670-1785. La présence d’une épée, d’une écharpe blanche nouée à la taille, et d’un bâton de commandement, indique que le souverain est représenté en qualité de chef des armées. De sa dextre le roi présente un panorama de Strasbourg, sous l’angle Sud-Ouest. On y reconnaît la cathédrale et la « couronne » de la croisée du transept ou « mitre d’évêque » qui disparaît en 1755. Plus en avant, le couvent Sainte-Madeleine, son église, et un élément de la muraille bastionnée, surmontée d’une échauguette. Les qualités de la composition, la finesse du portrait, la minutie des détails révèlent l’oeuvre d’un maître, fort probablement Van der Meule (1632-1690), portraitiste et peintre des batailles de Louis XIV. Le souverain a peu vieilli, il porte toujours la petite moustache de sa jeunesse, il est alors au faîte de sa puissance.