Ecuelle à bouillon et son présentoir.

Vermeil, poinçonné. J.-L. I., maître à Strasbourg en 1746. Tradition artisanale séculaire à Strasbourg, l’orfèvrerie y a connu, depuis le rattachement de la ville à la France en 1681, un spectaculaire essor, participant, plus généralement, de celui des arts décoratifs. Le XVIIIème siècle fut, pour les orfèvres, élite de la corporation de « l’Echasse », jouissant de longue date d’une considération et d’une aisance financière particulièrement notables … un véritable âge d’or. Ayant réussi, lors de la « capitulation » de 1681, à conserver le titre de l’argenterie du Saint-Empire qui, légèrement plus bas que celui de Paris, permettait une meilleure adhésion de l’or et donc garantissait la qualité et la solidité du vermeil, les orfèvres bénéficièrent amplement de l’afflux de nouvelles clientèles dû au changement politique de la cité: la réintroduction du culte catholique leur donna l’occasion de fournir les églises en calices, ostensoirs, reliquaires, nécessaires de messe. L’afflux d’une société aristocratique venant occuper des postes militaires ou civils récemment créés, eut pour conséquence les commandes de nécessaires de toilette, de couverts armoriés, d’écuelles à bouillon, de nécessaires de chasse … livrés en général dans d’ingénieux écrins de cuir, autre spécialité strasbourgeoise. Les ateliers les plus réputés sont aux mains de dynasties familiales, comme celles des Imlin, des Kirstein, des Fritz, dont les échoppes sont concentrées en principe dans la rue des Orfèvres et dont les demeures d’habitation sont parfois fort belles, telle la maison des Imlin, 30 place Kléber, édifiée en 1748 dans le style rocaille strasbourgeois.