Crosse abbatiale

En cuivre émaillé, ciselé, gravé et doré, elle est ornée sur la douille et le crosseron d’un décor de rinceaux végétaux vert, rouge et jaune sur fond bleu. Le noeud de cuivre ajouré représente des figures fantastiques, sirènes-oiseaux et dragons à têtes humaines. La volute est ornée de petits crochets et se termine par une palmette-fleur.
Cette crosse provient de l’abbaye Saint-Vanne de Verdun, dont le musée de la Princerie conserve de nombreux éléments sculptés des périodes romane et gothique.
Au début du XIXe siècle, l’abbaye, abandonnée depuis la Révolution, tombe en ruines. Les vestiges architecturaux, devenus dangereux, sont détruits entre 1822 et 1833. C’est dans ces circonstances que la crosse est découverte, devant le maître-autel de l’église de l’abbaye, dans la sépulture d’Etienne Bourgeois puissant abbé de Saint-Vanne mort en 1452.
Foyer intellectuel et artistique de premier plan, l’abbaye Saint-Vanne connût son apogée entre le Xe et le XIIe siècle. Les abbés de Saint-Vanne furent également mécènes, en particulier sous l’abbatiat de Louis de Hirgis (1198-1237). Ce dernier est peut-être le commanditaire de la crosse. En 1438, son corps, enterré devant le maître-autel de l’église, fut déplacé sur ordre d’Etienne Bourgeois. On peut alors supposer que la crosse fut retrouvée à cette occasion dans la tombe de Louis de Hirgis, conservée par Etienne Bourgeois puis enfouie de nouveau avec le corps de ce dernier, qui se fit enterrer précisément au même endroit. Etienne Bourgeois aurait ainsi cherché à se placer dans la continuité du brillant abbatiat de Louis de Hirgis.
Après avoir été présentée en 1889 à l’exposition Universelle de Paris et avoir appartenu à de prestigieuses collections privées, la crosse a retrouvé en 2007, au musée de la Princerie, la pierre tombale d’Etienne Bourgeois, sortie des décombres de l’abbaye en 1833. De par son intérêt artistique et historique, elle est l’une des pièces majeures des collections du musée de la Princerie.