Crâne ou Vanité

La tradition associe cette sculpture en marbre à l’oeuvre du sculpteur meusien Ligier Richier, par comparaison thématique avec le Transi, monument funéraire de René de Chalon.
Pour autant, cette oeuvre présente un travail de sculpture singulier. Au premier abord, la confusion avec un crâne humain est possible, tant l’illusion est parfaite. La finesse et la précision dans le traitement anatomiques sont particulièrement remarquables. Tous les os de la boîte crânienne ainsi que les sutures sont fidèlement reproduits. Ces éléments invitent à penser que ce crâne serait un modèle anatomique, illustrant les progrès réalisés par la médecine durant la Renaissance. Sous le crâne se trouve une signature faisant référence à Michel-Ange, « Michel Angelo Bonarota sculpt. Romae anno 1497 ». Fausse, celle-ci aurait été ajoutée plus tardivement, peut-être au cours du XVIIe siècle, afin d’étayer la légende selon laquelle Ligier Richier aurait été formé par Michel-Ange qui excellait notamment dans la représentation de l’anatomie.
Cette sculpture peut également être interprétée comme une Vanité, une représentation de la fugacité de la vie humaine et du cours inéluctable du temps. Les Vanités se développent, notamment dans la peinture, au début du XVIIe siècle, à une époque marquée par de longs conflits et des épidémies de peste.
Cette oeuvre polysémique demeure encore énigmatique. Modèle anatomique et memento mori, elle était peut-être destinée à un cabinet de curiosités, lieu dédié à l’étude mais également à la méditation.